Sr Ana Belén Espínola Gravo, EP

Notre vie n’appartient-elle pas à Dieu ? N’est-il pas vrai qu’Il veille sur nous avec une sollicitude paternelle infinie, et que ni même un seul cheveu tombant de notre tête n’échappe à sa connaissance ?

On m’a raconté qu’un jour un ingénieur allemand, alors qu’il effectuait des explorations à l’intérieur de la Russie, est tombé sur un gigantesque sapin coincé à l’embouchure d’un profond abîme. L’arbre avait été abattu par une violente tempête des siècles auparavant et, au fil du temps, il s’était transformé en une pierre solide. À ce moment-là, il servait de pont solide et sûr pour les passants.

Saint Gérard Majella

Mon interlocuteur m’a raconté un autre fait, cette fois tiré de la vie de saint Gérard Majella, ardent disciple et fils spirituel de saint Alphonse Marie de Liguori : accusé d’immoralité et possédant des lettres qui « prouvaient » cette calomnie, il reçut du vénérable fondateur l’interdiction de communier et d’entrer en contact avec des personnes extérieures à l’Ordre, ce qui lui fit subir pendant plus de deux mois la vexation et la suspicion de ses frères de vocation. Cette âme droite, consciente de la fraude qui ternissait sa dignité, a accepté d’être traitée comme un délinquant par son propre supérieur — un saint, qui plus est ! — qu’il aimait tant.

Quel lien existe-t-il entre ces deux situations, apparemment si différentes ?

Ce qui a conduit le saint rédemptoriste à surmonter une telle épreuve avec sérénité, c’est la certitude que son existence était entre les mains de Dieu, qui traçait, à travers les épines, le chemin par lequel il monterait au ciel et accomplirait sa mission. Saint Gérard avait gravé au plus profond de son âme la conviction inébranlable qu’il ne serait pas abandonné. Il ne craignait pas de recevoir de mauvaises nouvelles, car il avait, comme celui du Psalmiste  « le cœur ferme, [qui] s’appuie sur le Seigneur. » (Ps 111,7).

Une telle attitude est bien illustrée par la situation du sapin, qu’elle soit fictive ou non. Tout indiquait qu’il serait comme les autres : grand, fort, robuste. Les oiseaux et les écureuils vivraient dans ses branches. Peut-être qu’un jour, à sa mort, des meubles de la plus haute catégorie seraient fabriqués avec son bois… Jusqu’à ce qu’un énorme orage le jette au sol.

Il faut cependant noter que la fureur du vent l’a fait tomber d’une manière providentielle : ses extrémités sont restées chacune d’un côté du précipice. Et, résigné à son triste sort, le sapin s’est langoureusement pétrifié au fil des ans jusqu’à acquérir une utilité qu’il n’aurait jamais pu imaginer.

L’énorme arbre renversé illustre les épreuves et les défis que la vie nous lance tout au long de l’existence humaine : une chute financière, la mort d’un être cher, un défaut personnel que nous ne parvenons jamais à surmonter… Dans de telles situations, ce qui nous permet de tenir bon sont les certitudes enracinées dans la Foi que nous portons dans notre âme, tout comme saint Gérard Majella subissant une période d’incompréhension.

Notre vie n’appartient-elle pas à Dieu ? N’est-il pas vrai qu’Il veille sur nous avec une sollicitude paternelle infinie, et que ni même un seul cheveu tombant de notre tête n’échappe à sa connaissance ? (cf Mt 10, 30) ? N’avons-nous pas la meilleure protectrice du monde, la Mère de Dieu Elle-même ? A-t-on jamais entendu dire que quelqu’un qui a eu recours à la Vierge ait été abandonné ?

Arbres pétrifiés en Afrique et en Amérique du Nord

C’est une image intéressante que celle du bois pétrifié ! Avant, du simple bois ; plus tard, de la pierre dure et belle, avec laquelle nous pouvons fabriquer des objets, des chapelets, des décorations… ou même le pont de notre légende ! Cela signifie que lorsque le poids des malheurs, des difficultés et des chagrins pèse sur nos épaules, nous ne devons jamais nous laisser abattre. Peu importe le nombre de maux qui nous affligent, la Providence les utilisera pour rendre notre âme plus forte et plus déterminée, avec pour résultat un bénéfice pour nous et pour les générations futures, à l’exemple du saint rédemptoriste.

 

Saint Gérard Majella naît le 9 avril 1726 et meurt de la tuberculose le 16 octobre 1755, âgé de 29 ans. Il est béatifié en 1893 par Léon XIII et canonisé par Pie X en 1904. La fête liturgique de saint Gérard Majella est le 16 octobre.