Les mains appuyées sur les genoux de la Très Sainte Vierge, Catherine écoute le message qu’Elle lui apporte du Ciel. Continuant sa narration, la voyante se remémore ces paroles de la Mère de Dieu :

— Mon enfant, j’aime à répandre les grâces sur la communauté en particulier. Je l’aime beaucoup, heureusement. Mais j’ai de la peine. Il y a de grands abus sur la régularité. Les règles ne sont pas observées. Il y a un grand relâchement. (…) Dites-le à celui qui est chargé de vous. Il doit faire tout son possible pour remettre la Règle en vigueur. Dites-lui de ma part, qu’il veille sur les mauvaises lectures, les pertes de temps, et les visites.

Continuant, d’un air triste, la Très Sainte Vierge lui fait d’autres prévisions :

— De grands malheurs arriveront. Le danger sera grand. Ne craignez point. La protection de Dieu est toujours là d’une manière toute particulière, et saint Vincent protégera la Communauté. Je serai moi-même avec vous. J’ai toujours veillé sur vous. Je vous accorderai beaucoup de grâces. Le moment viendra où on croira tout perdu. Là, je serai avec vous.

Ayez confiance, vous connaîtrez ma visite et la protection de Dieu et celle de saint Vincent sur les deux communautés. Mais il n’en sera pas de même des autres communautés. Il y aura des victimes (la Sainte Vierge avait les larmes aux yeux, en disant cela.) Pour le clergé de Paris, il y aura des victimes : Monseigneur l’archevêque mourra. Mon enfant, la croix sera méprisée. On la mettra par terre. Le sang coulera. On ouvrira de nouveau le côté de Notre Seigneur. Les rues seront pleines de sang. Monseigneur l’archevêque sera dépouillé de ses vêtements. (Ici la Sainte Vierge ne pouvait plus parler, la peine était peinte sur son visage). Mon enfant, le monde entier sera dans la tristesse.

À ces mots je pensai : Quand est-ce [que ce] sera ? J’ai très bien compris dans quarante ans.

La conversation avec la Mère de Dieu, en cette nuit bénie de juillet 1830, était terminée. Catherine, ne pouvant se contenir devant tant de consolations et de joies, dira plus tard :

Je suis restée je ne sais combien de temps. Tout ce que je sais, c’est que quand Elle est partie, je n’ai aperçu que quelque chose qui s’éteignait, enfin plus qu’une ombre qui se dirigeait du côté de la tribune, par le même chemin qu’Elle était arrivée. Je me suis relevée de dessus les marches de l’autel, et j’ai aperçu l’enfant, où je l’avais laissé. Il me dit :

— Elle est partie.

Nous avons repris le même chemin, toujours tout illuminé, et cet enfant était toujours sur ma gauche. Je crois que cet enfant était mon ange gardien, qui s’était rendu visible pour me faire voir la Sainte Vierge, parce que je l’avais beaucoup prié pour qu’il m’obtienne cette faveur. Il était habillé de blanc, portant une lumière miraculeuse avec lui, c’est-à-dire qu’il était resplendissant de lumière : âgé à peu près de quatre à cinq ans.

Revenue à mon lit, il était deux heures du matin, car j’ai entendu sonner l’heure. Je ne me suis point rendormie.