Catherine se trouve alors, tiraillée entre le devoir de porter à son confesseur le message de la Reine du Ciel — il fallait faire frapper une médaille — et l’obéissance qu’elle lui devait, lui qui ne voulait plus entendre parler de cette affaire.

La jeune sœur préféra obéir, souffrant de ne pouvoir concrétiser le désir de la Très Sainte Vierge. Quelque temps plus tard, cependant, incitée par ses voix intérieures, elle retourne parler de la médaille à son confesseur : elle est de nouveau repoussée.

En vérité, le Père Aladel était perplexe. Il hésitait, mû d’un côté par la sage prudence de l’Église face aux événements surnaturels extraordinaires, et de l’autre, impressionné par les récits, par l’accomplissement des prévisions et par l’insistance de l’humble novice. À coup sûr, ce n’était pas ce genre de cas que l’on peut dédaigner sans cérémonie. Qui sait, peut-être était-ce la Très Sainte Vierge Elle-même qui lui adressait une demande ?

Préoccupé, il observe attentivement le comportement de Catherine. Allait-il observer quelque chose d’étrange chez cette religieuse ? Y avait-il le moindre indice d’un désordre quelconque ? Non, rien de spécial. C’est une pieuse religieuse, modeste, joyeuse, simple, charitable, décidée, accomplissant son devoir, jamais dominée par l’imagination ou les caprices. Plus encore, cette jeune fille se montre ennemie des ostentations et elle est d’une discrétion exemplaire. Elle entoure du plus grand secret ces visions et messages.

Pratiquement deux années s’écoulent — un temps trop long pour quelqu’un de l’âge de Catherine — le Père Aladel décide de demander conseil à l’archevêque de Paris, Mgr de Quélen. Il lui raconte tout en détail, cachant seulement le nom de sœur Catherine. L’archevêque ne voit pas le moindre obstacle à faire frapper la médaille, il affirme même qu’il serait très heureux s’il était le premier à la recevoir.

Le Père Aladel passe alors une commande de vingt mille médailles à la maison Vachette. Nous sommes au mois de mars 1832. Le 26 de ce mois, au moment où allait débuter la production, Paris est assailli par une épidémie de choléra venant de l’Europe de l’Est. La dévastation est telle qu’en un seul jour on enregistre 861 victimes. Le total des décès s’élève à plus de vingt mille. En quatre ou cinq heures, le corps d’un homme en santé était réduit à l’état de squelette. Les Pères Lazaristes et les Filles de la Charité sont aux premiers rangs parmi ceux qui assistent les malades, avec tout le sacrifice et le dévouement qui les caractérisent.

Vers la fin mai, l’épidémie semble diminuer. On peut commencer à frapper la médaille… Mais voilà que, dans la deuxième quinzaine de juin, survient un nouvel élan de l’épidémie. La panique s’empare de nouveau de la population, mais la fabrication de la médaille de s’arrête pas. Le 30 juin, Vachette remet les 1500 premiers exemplaires.

Le Père Aladel porte immédiatement une médaille à Mgr de Quélen et les distribue ensuite parmi les sœurs. En recevant la sienne, Catherine commente simplement : « Maintenant, il faut la propager ».

L’épidémie a fourni l’occasion d’obtenir des guérisons étonnantes grâce à l’usage de la médaille. Ce n’est que le début. La diffusion de la médaille s’amorce avec une rapidité impressionnante, inaugurant une longue et magnifique série de faveurs célestes concédées par la Très Sainte Vierge.