Elles ne prétendent pas posséder la grandeur des aigles, l’élégance des paons ou le chant mélodieux des rossignols.
Cependant, leur simple gazouillis suggère la même joie qui caractérise leur façon d’être.
Il y a un phénomène bien connu de ceux qui vivent dans un pays à latitude tropicale : pendant les jours d’été, à hauteur des toits, quelques dizaines d’oiseaux planent dans le ciel. Ils sont petits et délicats, mais le contour de leurs ailes pointues est d’une perfection rectiligne, de sorte qu’ils ressemblent à de petits ciseaux coupant l’air. La couleur de leur plumage, blanc alternant avec du bleu marine ou du noir, nous rappelle l’habit dominicain… Ce sont les hirondelles.
La vivacité de ces sympathiques animaux est remarquable : leur vol est agile, le battement de leurs ailes, léger. Ils semblent jouer les uns avec les autres en faisant des acrobaties dans les airs et en se lançant de haut en bas… Parfois, on les voit voler très bas passant à quelques millimètres seulement des obstacles se trouvant sur leur route. On pourrait presque dire qu’ils célèbrent la lumière du soleil !
Lorsque nous contemplons un tel spectacle, il nous vient sensation de douceur et de légèreté, tout en ressentant un sentiment de réjouissance. Les hirondelles sont heureuses d’être des hirondelles, et de faire ce que fait tout oiseaux comme elles ! Elles se réjouissent de planer dans l’immensité céleste, en déployant leurs ailes au soleil et en se laissant porter par la brise du soir. Leur vivacité est un véritable miroitement de la joie de vivre, en étant ce que l’on est en toute simplicité.
Elles ne prétendent pas posséder la majesté des aigles, la splendeur des colibris ou l’élégance des paons. Au contraire, leur beauté est délicate et pleine d’innocence. On n’a jamais prétendu non plus que ces oiseaux ont un chant mélodieux, comme les rossignols et les canaris. Cependant, leur gazouillis simple suggère cette même joie caractérisant leur façon d’être.
C’est ainsi que nous devrions être. Nous ne devrions pas nous préoccuper de devenir ce pour quoi nous n’avons pas été faits, ni de faire preuve de qualités et d’aptitudes que nous ne possédons pas. Chaque âme est appelée à faire resplendir en elle certains aspects des perfections infinies de Dieu. C’est en se faisant un reflet de cette lumière spécifique que l’homme accomplit sa mission, en rendant gloire au Père céleste.
Voilà le vrai bonheur : savoir que l’on est enfant de Dieu, source de la paix éternelle et de la joie suprême ! Voilà la joie des âmes innocentes qui, comme de petites hirondelles immergées dans le vaste bleu du ciel, vivent dans la tranquillité parce qu’elles se sentent à l’intérieur de leur Créateur. En lui, elles sont libres, et en lui seul, elles sont heureuses.
La contemplation de ces petits oiseaux nous invite à nous élever vers des réalités supérieures, vers la douceur céleste. Nous pourrions presque affirmer que ce ne sont pas que des oiseaux en vol, mais aussi — et surtout — une volée d’anges qui chantent les merveilles de Dieu en nous communiquant leur propre joie.
Ainsi, le vol des hirondelles nous renvoie à ces paroles de la Sainte Écriture : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. » (cf 1Th5, 16-18).
Sr Giuliana D’Amaro, EP