Mgr João Scognamiglio Clá Dias, EP

Depuis le premier péché commis par Adam et Ève jusqu’à l’Incarnation, il a existé sur la face de la terre une force prédominante que l’on peut désigner comme le pôle du mal. Bien que la promesse divine ait été en vigueur, assurant la Rédemption, et que la sollicitude du Créateur se soit constamment exercée en faveur des Juifs, il est clair que parmi les autres peuples de l’Antiquité, il n’existait qu’un seul consensus humain, où le mal régnait dans tous les milieux, et où les bons n’avaient pas les moyens d’accomplir des œuvres pertinentes pour détruire l’empire du diable. Sur la base de cette pseudo-harmonie produite par le péché — une unité faussement parfaite — les puissances infernales ont établi la cohésion du mal. […]

Or, la venue du Christ a déclenché le feu de l’amour divin sur la terre et inauguré le pôle du bien, avec une force d’expansion extraordinaire. Comme l’observe le père Manuel de Tuya : « Ce feu qu’il répand sur la terre exigera que nous prenions parti pour lui. Une séparation radicale devient inévitable, car ceux qui adhèrent au bien limitent l’action de ceux qui optent pour le mal et entravent leur progression, ouvrant ainsi un abîme qui les éloigne.

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. » (Luc 12, 51) Nous nous trouvons devant l’une des déclarations les plus incisives du Maître dans l’ensemble de l’Évangile : « Je ne suis pas venu mettre la paix » Comment se présente le « Prince de la Paix » prophétisé par Isaïe (9,5), celui qui, invoquant la présence de l’Esprit Saint, dira : « La paix soit avec vous ! » (Jean 20, 19) prêche qu’il n’est pas venu apporter ? Voilà un verset qui laisse perplexes les esprits cartésiens. L’explication est pourtant simple et profonde : sa paix ne coïncide pas avec celle que l’on comprend à partir de concepts déformés : « ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jean 14, 27). […] La paix rejetée par Notre Seigneur est celle qui s’établit lorsque les âmes sont unies dans le péché, par la complicité qui conduit les pervers à se protéger les uns les autres et à vivre dans une apparente concorde, dans une fausse harmonie fondée sur le mal […].

La division inaugurée par Jésus s’incarne dans une censure intransigeante de cette attitude de complicité avec le mal, faite surtout par la rectitude des âmes vertueuses et par le courant de bien qu’elles suscitent. En fondant l’Église immortelle, Notre Seigneur a donné à la bonté une force divine capable de démasquer l’erreur de ceux qui embrassent le péché, d’en montrer la hideur et de résister à sa domination. La vertu et la bien, jusqu’à la venue du Christ, avaient une portée limitée. Il est venu leur donner la toute-puissance et en faire le facteur décisif de l’histoire. La séparation entre les bons et les méchants est devenue une réalité beaucoup plus nette qu’auparavant, avec une particularité : les bons, lorsqu’ils sont intègres, s’en sortent toujours victorieux.

Le feu purificateur ! In: New Insights on the Gospels. Città del Vaticano-São Paulo: LEV; Lumen Sapientiæ, 2012, vol. VI, p. 292-295