Dans le monde d’aujourd’hui, la Très Sainte Vierge Marie nous apparaît comme une reine assise sur son trône, dans une salle pleine d’ennemis qui veulent la détrôner. Ils ont déjà déchiré son dais, enlevé de son front vénérable la couronne de gloire à laquelle elle a droit, et arraché le sceptre de ses mains.
Cependant, devant la reine, qui ne fait que pleurer, il y a aussi une poignée de sujets fidèles, vers lesquels elle tourne continuellement un regard suppliant, rempli de douleur et d’affliction.
Face à cet appel émouvant, quelle doit être la pensée de chacun des fidèles vassaux présents dans la salle royale ?
« Ma souveraine sera arrachée de son trône. Et je suis celui vers qui Elle dirige son regard, me suppliant de l’aider à éviter l’ultime tentative de détrônement. Est-ce que je serai quelqu’un vers qui Elle aura regardé en vain ? Non, ce regard doit produire en moi le même effet que celui que le regard de Jésus a eu sur saint Pierre. C’est-à-dire que ce regard posé sur moi par la Reine dans un état d’angoisse doit être assorti d’un élan de don de soi de ma part. »
Cet apogée du don de soi sera à son tour couronné par une récompense : au Ciel, à jamais, le regard de la Reine — non plus suppliant, mais rempli d’amour, de bonté et d’affection maternelle — sera tourné vers celui qui lui a porté secours sur cette terre.
Je crois que l’épitaphe de chacun de ceux qui ont répondu à l’appel de la Reine devrait dire : « Ci-gît quelqu’un que Notre Dame a regardé à l’heure de l’abandon total, au moment de l’affliction, lorsque quasiment personne n’était à son côté, et qui a répondu OUI à cet appel. »