Deux Pères Franciscains naviguaient sur les côtes de Flandre, lorsqu’il s’éleva une affreuse tempête qui submergea le navire avec trois cents passagers qui s’y trouvaient. La divine Providence permit que ces deux religieux s’emparassent d’une des pièces du navire, sur laquelle ils se soutinrent entre la vie et la mort pendant trois jours, ayant sans cesse sous les yeux l’abîme immense qui menaçait de les engloutir. Fidèles serviteurs de Saint Joseph, pleins de confiance en sa toute-puissante protection, ils se recommandèrent à lui comme à leur véritable planche de salut après le naufrage et à la douce Étoile qui devait les conduire au port.

À peine ont-ils achevé leur prière, qu’elle fut exaucée ; l’orage se dissipe, l’air devient serein, la mer s’apaise et l’espérance renaît au fond de leur cœur. Mais ce qui mit le comble à leur joie, c’est la vue d’un jeune homme plein de grâce et de majesté, qui, après les avoir salués avec bonté, s’offrit à leur servir de guide. Ils avancent déjà, ils voguent heureusement, la mer et les vents rendent obéissance à celui à qui le Dieu de la mer et des vents avait autrefois obéi. Arrivés sur le rivage, les deux religieux se jettent aux pieds de leur libérateur, qu’ils ne connaissent pas et qu’ils croient être quelque ange : après lui avoir offert les plus vives actions de grâces, ils le prient instamment de vouloir bien leur dire son nom. « Je suis Joseph, leur répondit-il, si vous voulez faire quelque chose qui me soit agréable, ne laissez passer aucun jour sans réciter dévotement sept fois l’Oraison Dominicale et la Salutation angélique en mémoire des sept douleurs dont mon âme fut affligée, et en considération des sept allégresses dont mon cœur fut souverainement consolé pendant les jours que je passai sur la terre dans la compagnie de Jésus et de Marie ».

À ces mots il disparut, les laissant comblés de la joie la plus vive, et pénétrés du désir le plus sincère de l’honorer et de le servir tous les jours de leur vie.