Mariana Cristina Moniz

Les versets de l’Écriture Sainte, toujours succincts, possèdent un océan de significations dans lequel nous pouvons plonger pour connaître les grandes merveilles contenues dans si peu de mots.

Nous retrouvons cette caractéristique de manière très particulière dans les passages qui décrivent la vie de la Sainte Famille. Les immenses réalités surnaturelles qu’il contiennent ont servi de base et d’inspiration à de nombreux auteurs de premier plan pour mettre par écrit ce que la grâce a dit à leur âme.

Si nous devions rassembler tout ce qui a été rapporté par eux à travers les âges, combien de bibliothèques seraient remplies ! Notons toutefois que beaucoup de choses pourront encore être expliquées dans les siècles à venir, car en ce qui concerne la vie de Jésus parmi nous, « le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait. » (Jn 21, 25).

Détail d'un vitrail de la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours (Montréal, QC)
Détail d’un vitrail de la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours (Montréal, QC)

Un passage retient particulièrement notre attention : le récit de la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple et de la Purification de Marie, que l’on retrouve dans l’Évangile de saint Luc. Les commentateurs font de belles réflexions sur l’événement en analysant ses nombreux aspects, mais dans cet article, nous ne nous attarderons que sur un détail chargé de sens.

La Loi ordonnait aux couples pauvres d’offrir au moins « un couple de tourterelles ou deux petites colombes. » (Lc 2, 24) en sacrifice au Seigneur. Et ce n’est pas par hasard que ces deux oiseaux ont été prescrits.

Saint Cyrille explique que la tourterelle est la plus loquace de toutes et la colombe la plus douce [1] ; ainsi Notre Seigneur a voulu symboliser qu’il serait sur cette terre le modèle de la plus parfaite douceur et ferait résonner sa voix harmonieuse pour attirer le monde à son Cœur miséricordieux.

Saint Bède réfléchit aux vertus représentées par ces oiseaux : la colombe, la simplicité ; la tourterelle, la chasteté [2]. En effet, si la tourterelle vient à perdre

sa compagne, elle n’en cherche pas une autre. Dès son plus jeune âge, le Christ a voulu témoigner de sa prédilection pour la vertu de la pureté par le biais de ces deux petits animaux.

Un autre beau symbolisme réside dans le fait que la colombe, grégaire, représente la vie active, tandis que la tourterelle, vivant seule, évoque la contemplation. Cet isolement, ajouté à sa loquacité, en fait l’image de la prédication de la confession de foi [3]. Ces deux voies ont été pratiquées par le Sauveur et conduisent, chacune à sa manière, à la sanctification des hommes.

Saint Bède [4] fait encore remarquer que ces deux animaux, par leur habitude de roucouler, expriment les pleurs réels des saints. La tourterelle symbolise les larmes secrètes de la prière ; et la colombe, qui est grégaire, symbolise les prières publiques de l’Église.

Or, saint Luc ne dit pas dans son Évangile si les animaux offerts par la Sainte Famille furent des tourterelles ou des colombes… Ainsi, selon saint Bède, l’Esprit Saint insinue que l’on ne doit pas donner la préférence à la vie contemplative sur la vie active ou vice-versa, puisque les deux plaisent à Dieu et que nous devons suivre l’une et l’autre. [5]

Rappelons toutefois que les tourterelles ou les colombes offertes pour l’Enfant Jésus, avant d’être remises entre les mains du prêtre, reposaient entre les mains du patriarche saint Joseph et étaient contemplées par le regard serein de la Vierge Marie. Cela nous invite à désirer vivre toujours sous la garde et la protection de ce très saint couple, car ainsi notre existence sera, bien que pauvre en mérites et en vertus, une très agréable offrande d’adoration et de louange. ◊

NOTES : 

[1] Cf SAINT THOMAS D’AQUIN. Catena Aurea. In Lucam, c.II, v.22-24.

[2] Cf Idem, ibidem.

[3] Cf SAINT THOMAS D’AQUIN. Somme théologique. III, q.37, a.3, ad 4.

[4] Cf Idem, ibidem.

[5] Cf SAINT THOMAS D’AQUIN. Catena Aurea, op. cit.