Le pieux exercice de la Via Matris dolorosa, ou plus simplement de la Via Matris, s’est formé sur le modèle de la Via Crucis, et il fut approuvé par le Saint-Siège. Des ébauches de la Via Matris existent depuis le XVIe siècle, mais la forme actuelle de ce pieux exercice ne remonte pas au-delà du XIXe siècle. L’intuition fondamentale de la Via Matris est de présenter la vie entière de la Vierge, depuis l’annonce prophétique de Syméon (cf. Lc 2, 34-35) jusqu’à la mort et la sépulture de son Fils, comme un chemin de foi et de souffrances : il s’agit d’un chemin marqué par sept « stations » qui correspondent aux « sept douleurs » de la Mère du Seigneur.
Le pieux exercice de la Via Matris s’harmonise bien avec certains thèmes propres à l’itinéraire du carême. De fait, étant donné que les souffrances de la Vierge Marie ont été causées par le rejet du Christ de la part des hommes, il est inévitable que la Via Matris fasse constamment référence au mystère du Christ en tant que serviteur souffrant du Seigneur (cf. Is 52, 13–53, 12), et rejeté par son peuple (cf. Jn 1, 11 ; Lc 2, 1-7 ; 2, 34-35 ; 4, 28-29 ; Mt 26, 47-56 ; Ac 12, 1-5). De plus, ce pieux exercice renvoie aussi au mystère de l’Église : les stations de la Via Matris constituent, en effet, les étapes de ce chemin de foi et de souffrances, sur lequel la Vierge Marie a précédé l’Église, et que cette dernière devra suivre jusqu’à la consommation des siècles.
(Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Directoire sur la Piété Populaire et la Liturgie Principes et Orientations, pp. 136-137)