C’est un homme qui craint Dieu, qui l’aime sincèrement et qui le sert avec fidélité ; c’est un homme qui ne se laisse point enfler par l’orgueil, ni dominer par l’amour-propre, qui est vraiment humble et petit à ses propres yeux ; qui, étant dépourvu des biens de ce monde, ne les désire pas, ou qui, les possédant, n’y attache pas son cœur ; c’est un homme qui est ennemi de toute acquisition injuste ; c’est un homme qui, possédant son âme dans la patience et la justice, ne s’offense pas d’une injure qu’on lui fait. Il aime son ennemi, il ne cherche pas à se venger. II rend tous les services qu’il peut à son prochain, il partage volontiers son bien avec les pauvres ; il ne cherche que Dieu seul, méprise les biens et les honneurs de ce monde. N’aspirant qu’aux biens du ciel, il se dégoûte des plaisirs de la vie et ne trouve son bonheur que dans le service de Dieu.
C’est un homme qui est assidu aux offices divins, qui fréquente les sacrements, et qui s’occupe sérieusement de son salut ; c’est un homme qui, ayant horreur de toute impureté, fuit les mauvaises compagnies autant qu’il peut, pour conserver purs son corps et son âme. C’est un homme qui se soumet en tout à la volonté de Dieu, dans toutes les croix et les traverses qui lui arrivent ; qui n’accuse ni l’un ni l’autre, mais qui reconnaît que la justice divine s’appesantit sur lui à cause de ses péchés. Voilà, ce que vous appelez simplement un honnête homme. Mais voilà ce que Dieu appelle l’homme de miracle, le saint, le grand saint.
Que doit-on entendre par une sainte fille ? Une sainte fille, c’est celle qui fuit les plaisirs et la vanité ; qui fait son bonheur de plaire à Dieu et à ses parents ; qui aime à fréquenter les offices et les sacrements ; une fille qui aime la prière ; c’est, en un mot, celle qui préfère Dieu à tout. On peut devenir saint, en vivant dans le monde, mais en ne vivant pas pour le monde.
Vous voyez donc, que pour être un saint, il n’est pas nécessaire de tout quitter ; mais de bien remplir les devoirs de l’état où Dieu nous a placés, et faire tout ce que nous faisons, dans la pensée de lui plaire. L’Esprit-Saint nous dit que pour être saint, il ne faut que nous éloigner du mal et faire le bien. Voilà, la sainteté qu’ont eue tous les saints et que nous devons avoir. Ce qu’ils ont fait, nous le pouvons aussi, avec la grâce de Dieu ; puisque nous avons comme eux les mêmes obstacles à notre salut, et les mêmes secours pour les surmonter.
Saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars